Comment la France lutte contre le gaspillage alimentaire

Note de l'éditeur : Le gaspillage alimentaire n'est pas seulement un problème canadien, c'est un problème mondial qui a des effets dévastateurs sur les changements climatiques et la faim. Dans le monde entier, les pays ont du mal à s'assurer que de la bonne nourriture finit dans des assiettes plutôt que dans des sites d'enfouissement, et beaucoup ont élaboré des stratégies uniques pour faire face à cette crise de front.  

Dans cette série d'articles, The Harvest Journal explorera les politiques en matière de gaspillage alimentaire à travers le monde et mettra en lumière ce que les différents pays font pour prévenir et réduire le gaspillage, construire des systèmes alimentaires plus durables et résilients, protéger notre planète et enfin mettre fin au gaspillage alimentaire. Nous avons déjà couvert Japon, Finlande et Corée.  

La France est un chef de file du changement dans la lutte contre le gaspillage alimentaire en Europe.

En 2016, le pays a adopté Loi Garot (Garot Law), du nom de l'ancien député Guillaume Garot, qui a défendu la cause. Il s'agit d'une étape importante dans la réglementation du gaspillage alimentaire, qui a établi une hiérarchie anti-gaspillage avec la prévention comme priorité absolue et a tenu les entreprises responsables de la réduction du gaspillage alimentaire.

Faits saillants de la politique de gaspillage

La principale mesure de cette loi est l'obligation pour les supermarchés ou les détaillants d'épicerie ayant une superficie de plus de 400 m2 de faire don de leurs excédents alimentaires à des organismes caritatifs au lieu de les détruire. (Auparavant, les épiciers blanchissaient toute nourriture périmée ou excédentaire pour empêcher les gens de plonger dans leur benne à ordures à la fin de la journée.) Cela a marqué un changement important vers une approche plus systématique de la réduction du gaspillage alimentaire.

Au cours des années suivantes, le gouvernement français s'est concentré sur le secteur de l'hôtellerie, y compris les restaurants, les hôtels et les opérateurs de services de restauration. Les restaurants, par exemple, sont encouragés à offrir des sacs aux clients pour qu'ils puissent ramener à la maison des portions non consommées. À compter du 1er janvier 2020, les supermarchés sont tenus de mettre en œuvre un plan de gestion de la qualité des dons pour assurer la qualité des aliments, comprenant la formation et la sensibilisation du personnel. La non-conformité peut entraîner amendes pouvant aller jusqu'à 75 000€.   

Toujours en 2020, une loi anti-déchets complète est entrée en vigueur, visant à transformer l'ensemble du système de production, de distribution et de consommation d'un modèle économique linéaire à un modèle économique circulaire. Les objectifs ambitieux comprennent une réduction de 50 % du gaspillage alimentaire d'ici 2030 par rapport à 2015.

Résultats et défis

Depuis la mise en œuvre de ces politiques, la France a fait des progrès significatifs en réduisant le gaspillage alimentaire de 10 % entre 2016 et 2020, selon les données d'Eurostat.

Néanmoins, ils ne sont pas dépourvus de critiques. Le champ d'application de la loi ne s'attaque pas entièrement aux causes profondes de ce problème en France — les détaillants et les restaurants sont responsables d'environ 20 % du gaspillage alimentaire, tandis que les ménages sont les premiers contributeurs avec 46 %. Les défis tels que la coordination des partenariats entre les détaillants et les organismes de bienfaisance, les problèmes de transport et la nécessité d'un entreposage adéquat ont mené à des inefficacités dans l'exécution.

Orienter les choix des consommateurs

Il est particulièrement difficile de changer le comportement des consommateurs. Pour avoir un impact au niveau du ménage : campagnes de sensibilisation et d'éducation sont administrés à l'échelle nationale. La France améliore également étiquettes de date d'expiration pour mieux guider les consommateurs. Le pays utilise deux étiquettes alimentaires : DLC (Date Limite de Consommation) pour la majorité des produits périssables et DDM (Date de durabilité minimale) pour les produits secs, stérilisés et déshydratés. Pour indiquer que ces produits demeurent sans danger au-delà du DDM, les producteurs peuvent inclure des mots comme « Pour un goût optimal » ou « Ce produit peut être consommé après cette date » pour plus de précision.